Ousmane SOW
Sculpteur, premier Noir à l’Académie française des Beaux-Arts
Nom: | Ousmane SOW |
Naissance: | 10 Octobre 1935 |
Lieu: | Dakar |
Nationalité: | Sénégalaise |
Occupation: | Sculpteur, premier Noir à l’Académie française des Beaux-Arts |
Ousmane Sow, célèbre sculpteur sénégalais est le premier Noir à devenir membre de l’Académie des Beaux-Arts de Paris. Portrait de ce plasticien aux "doigts de sorcier" qui, de Dakar à Paris, a gravé son nom dans la glaise.
En 1957, jeune adulte, Ousmane Sow quitte le Sénégal pour la France où il doit renoncer à son projet d’intégrer l’école des Beaux-arts faute de moyens. Tout en vivant de petits métiers, il obtient le diplôme d’infirmier, puis de kinésithérapeute en faisant son apprentissage auprès de Boris Dolto. Ce métier, qu’il exerce durant une vingtaine d’années notamment à l`hôpital Laennec de Paris, n`est pas sans influence sur son travail de sculpteur, grâce à la connaissance et l’approche du corps humain qu’il lui a apporté. Durant toute cette période, en autodidacte, il consacre l’essentiel du temps que lui laisse sa profession à perfectionner sa technique artistique et à faire des recherches sur les matériaux.
En 1965, il retourne au Sénégal et crée le service de kinésithérapie de l`hôpital Le Dantec, puis revient en France en 1968, et ouvre un cabinet privé à Montreuil.
En 1984 il décide de retourner au Sénégal et d’y ouvrir un cabinet privé de kinésithérapie qu’il abandonne ensuite, à l’âge de cinquante ans pour se consacrer entièrement à la sculpture. Il finit de mettre au point une technique très personnelle. Sur une armature faite de métal, de paille, de toile de jute et d’autres matériaux, il modèle ensuite son sujet en étalant une pâte de sa composition faite de terre et minéraux mélangés à divers produits et longtemps macérés, qu’il a mis des années à mettre au point et dont il garde jalousement le secret.
En 1988, il expose pour la première fois sa série Noubas qui lui a été inspirée par les photos de Leni Riefenstahl, au Centre culturel français de Dakar. Les années suivantes, il n’arrête plus d’exposer. Un peu partout en France d’abord, en Allemagne, au Japon, aux États-Unis, au Sénégal, en Belgique, en Italie ensuite.
En 1999, l’exposition de ses œuvres, dont la série Little Big Horn, sur le pont des Arts, à Paris est visitée par trois millions de personnes, achevant de lui apporter la reconnaissance du grand public après celles des milieux artistiques.
Ousmane Sow est aujourd’hui considéré comme l’un des plus grands sculpteurs contemporains.
Après la lecture d`une biographie du général Dumas écrite par Claude Ribbe, Ousmane Sow a préparé un projet de statue pour remplacer une œuvre érigée en 1906 à Paris sur l`actuelle place du général Catroux mais abattue par les nazis en 1942. Une pétition a été adressée dans ce sens à Bertrand Delanoë, maire de Paris par Claude Ribbe qui souhaiterait, à travers l`association des amis du général Dumas qu`il préside, offrir une copie de l`œuvre d`Ousmane Sow à la République d`Haïti, conformément à un souhait émis en 1838 par l`écrivain Alexandre Dumas, fils du général.
Le 8 décembre 2009, Ousmane Sow met en vente quelques œuvres chez Christie`s, à Paris, afin de financer la construction d`un musée personnel, consacré aux grands hommes, près de Dakar.
Le 11 décembre 2013, il devient le premier Noir à intégrer l`Académie des Beaux-Arts.
L`année 1988-1989 est une année charnière. Après avoir exercé le métier de kinésithérapeute en France pendant vingt années, il décide de devenir sculpteur à plein temps à l`âge de 50 ans. En effet, parallèlement à son activité de kinésithérapeute qu`il exerçait auparavant, il sculptait n`hésitant pas à transformer son cabinet de kinésithérapeute en atelier : il fabriquait ainsi des marionnettes articulées, crée des scénarios ubuesques et réalise un court film d`animation. En 1966, il expose au premier festival mondial des arts nègres. Finalement, cette profession médicale a été un long entraînement avant de se consacrer pleinement à la sculpture. En effet, ces études lui ont permis d`avoir de bonnes connaissances anatomiques. Ses œuvres sont le résultat de ce travail patient et de cette longue réflexion sur le corps humain : un corps soumis à sa pensée en le malaxant, le déformant, le pliant et le recréant. « Ce qui est important c’est de connaître l’homme, comment il est fait, son anatomie. Ça permet de se libérer de la mentalité grecque de la perfection. Le corps n’est pas parfait. Quand quelque chose n’est pas à sa place, il faut parfois le laisser, ça peut donner de la puissance à l’ensemble. »
Une renommée immédiate[modifier | modifier le code]
Sa renommée débute en 1987 lors de son exposition au Centre Culturel Français de Dakar de sa première série sur les Lutteurs Noubas. Six années plus tard, en 1993, il participe à la Dokumenta de Kassel en Allemagne. Puis, en 1995, au Palazzo Grassi, il expose lors du centenaire de la Biennale de Venise pour une exposition intitulée Identité et altérité. En 1999, trois millions de visiteurs sont curieux de découvrir son exposition sur le pont des Arts. La grande rétrospective en 1999 du pont des Arts regroupe toutes ces sculptures : Little Big Horn, Noubas, Peuhl et Masaï. Ces œuvres sont transportées internationalement par avion, bateau et camion depuis au début de son atelier de Médine puis de sa maison de Dakar en forme de Sphinx. Le 11 décembre 2013, il est reçu par le sculpteur Jean Cardot comme membre associé étranger à l`Institut de France (qui rassemble les cinq académies) trente ans après son compatriote Léopold Sedar Senghor. Il est installé dans un fauteuil précédemment occupé par le peintre anglais Andrew Wyeth (1906-2001) au sein de l`Académie des Beaux Arts de Paris. Le motif choisi pour le pommeau de son épée qu`il a lui-même réalisé est un Nouba en plein vol plané. « Je l`appelle le saut dans l`inconnu car je ne regrette pas de m`être lancé dans l`art à 50 ans passés ».
Solennel, presque mal à l’aise quand il se lève pour prendre la parole, le sculpteur Ousmane Sow déclame, tête baissée, un long discours de remerciements. Nous sommes le mercredi 11 décembre, il est 15 heures, le célèbre plasticien sénégalais devient le premier Noir à occuper un fauteuil de l’Académie des Beaux-Arts, à Paris. Sous la coupole de l’Institut de France, Ousmane Sow - qui sera désormais membre associé étranger – a du mal à cacher son émotion. Il salue sobrement la "sagesse" de ses confrères, le talent d’un autre Sénégalais, l’écrivain Léopold Sédar Senghor, et la mémoire du premier président noir sud-africain, Nelson Mandela.
"Rien de ce qui m’arrive cet après-midi ne m’est habituel […] Comme mon confrère et compatriote sénégalais Léopold Sédar Senghor, élu à l’Académie française, il y a trente ans [le 2 juin 1983], je suis africaniste. Dans cet esprit, je dédie cette cérémonie à l’Afrique toute entière, à sa diaspora et aussi au grand homme qui vient de nous quitter, Nelson Mandela", a-t-il déclaré, tiré à quatre épingles dans son costume spécialement conçu pour lui par le couturier d’origine tunisienne Azzedine Alaïa. "Mon élection a d’autant plus de valeur à mes yeux que vous avez toujours eu la sagesse de ne pas instaurer de quota racial, ethnique ou religieux pour être admis parmi vous", a ajouté le sculpteur africain, soucieux d’être reconnu pour les corps qu’il sculpte et non pour la couleur du sien.
À 78 ans, Ousmane Sow, qui a été élu à l’unanimité, occupera désormais le fauteuil du peintre américain Andrew Wyeth – qu’il a reconnu mal connaître. Il sera assis devant Jean Cardot, un autre sculpteur de renom qui, aussi ému que le nouvel occupant des lieux, n’a pas tari d’éloge sur son voisin. "Vous êtes l’exemple même de la richesse et de la merveilleuse diversité de l’expression artistique", a-t-il déclaré lors du discours d’intronisation. "Quelle audace ! Quel succès ! Oui vraiment, de l’audace, vous n’en manquez pas."
Ousmane Sow devant ses scuptures
"Vous avez l’instinct du sculpteur"
Né à Dakar en 1935, Ousmane Sow débarque à Paris à l’âge de 22 ans, où il vit de petits boulots, de nuits passées au chaud dans les commissariats parisiens, de l’hospitalité des uns et des autres, avant d’entrer à l’école de Boris Dolto. Avant de s’accomplir dans sa passion, il se consacrera donc à un métier - lié au corps, évidemment - : il sera kinésithérapeute. Mais dès sa plus tendre enfance, Sow sait qu’il deviendra sculpteur. Sur les plages sénégalaises déjà, il ramassait des pierres pour les modeler, les façonner. "Vous renouvelez ce geste vieux comme l’humanité. Vous avez, l’instinct du sculpteur", dit de lui Jean Cardot. Son maître d’école expose l’une de ses premières sculptures dans la classe. Un bon présage.
Il attendra pourtant ses 50 ans avant de se consacrer pleinement à son art. Il expose d’abord à Dakar, qu’il a rejoint en 1960, à l’Indépendance. De cette période sénégalaise, on retient surtout la gigantesque sculpture de plus de 50 mètres, pompeusement appelé "Monument de la renaissance africaine" qu’il a édifiée en 2010 sous le regard bienveillant d’Abdulaye Wade. Sur le continent européen, son œuvre, moins colossale, est présentée en Allemagne, en Italie, en France. Sow s’intéresse à l’homme, à l’Africain, aux ethnies zoulou, masaïs, peul, nouba. Il sculpte les peuples d’Afrique "dans une mixture dont il a le secret, à base de sable, de paille et de jute, soit une vingtaine de produits longuement macérés ensemble", écrit Le Monde.
Ousmane Sow a exposé sur le Pont des Arts, à Paris, en 1999.
Little Big Horn
Le succès est au rendez-vous. Son art dépasse les frontières. Sow devient l’un des créateurs contemporains les plus doués de sa génération. Il expose aux États-Unis, au Whitney Museum. "Ousmane Sow ne cisèle pas seulement la complexité des êtres et des choses, des instants et des événements, des émotions et des sentiments, il sait extraire l’énergie vivifiante de la terre pour créer l’Homme à l’image de l’Homme, il arrive à extirper de l’inerte la mémoire essentielle du vivant, sait l’emprisonner pour mieux la libérer, la contraindre pour mieux la magnifier", écrit à son propos l’écrivain John Marcus.
C’est en 1999 qu’il connaît la consécration, quand il expose ses sculptures sur le Pont des Arts, au-dessus de la Seine. Plus de trois millions de visiteurs viendront admirer ses "guerriers" et "lutteurs", massifs, magistraux. La même année, son oeuvre consacrée à la bataille de Little Big Horn - ultime victoire du peuple sioux sur le général Custer avant l’extermination – fait l’unanimité. Pas moins de trente-cinq sculptures, hommes et chevaux font partie de cette œuvre unique.
Aujourd’hui,Ousmane Sow travaille sur les personnalités qui ont marqué sa vie, une série de sculptures intitulée "Merci" parmi lesquelles on retrouve Victor Hugo, Toussaint Louverture, Martin Luther King ou encore son propre père… Mais mercredi 11 décembre, c’est lui - l’homme "aux doigts de sorcier" comme le surnomme John Marcus - que le monde de l’art a voulu remercier. "Cher Ousmane Sow, conclut ainsi Jean Cardot. Vous étiez naguère sur le pont des Arts. Il suffisait de passer le pont ! Et vous voici désormais parmi nous sous la coupole, où nous sommes heureux de vous accueillir."
Nom: | Ousmane SOW |
Naissance: | 10 Octobre 1935 |
Lieu: | Dakar |
Nationalité: | Sénégalaise |
Occupation: | Sculpteur, premier Noir à l’Académie française des Beaux-Arts |
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